Kingsman : Services secrets est un mélange entre un film banal et peu commun, entre un film violent et aseptisé, entre un film pour ados et pour adultes, entre un film drôle et dramatique.
Kingsman réussit sous la direction de Matthew Vaughn – le réalisateur du premier Kick-ass, et du très bon X-Men First Class, mais aussi du moins bon Stardust, et oui, on a tous ses casseroles – un savant mélange de tous ses éléments et signe ici un film intéressant qui sans être exceptionnel ou hautement mémorable en reste très attirant.
Son but, un peu prétentieux peut-être, mais très ambitieux, était de « rafraîchir » le genre du film d’espionnage. Si les James Bond, Jason Bourne, Jack Bauer et Ethan Hunt resteront les références dans cette catégorie, Kingsman, sans les surpasser, tente avec plus ou moins de réussite de les égaler.
Le tout est très bien filmé et l’expérience du réalisateur profite à ce film. Kingsman : Services secrets arrive à éviter bon nombre de clichés dans lesquels tombent les mauvais films d’espionnage pour adolescents, sauf peut-être à la fin.
L’humour est bien présent – heureusement puisqu’il s’agit d’une comédie – à l’anglaise, la bienséance est donc souvent de rigueur. Et puis tout à coup, lorsque l’on ne s’y attend pas, le film devient primaire, salace, bref américain, et le tout, assez jouissif, nous offre quelques rires aux éclats.
Colin Firth, dans un rôle physique dont il a peu l’habitude, nous ravit de son talent avec le personnage de Galaad et assure la majorité de ses cascades.
Taron Egerton, le personnage principal même s’il est difficile de définir qui l’est vraiment, n’a joué que dans un film auparavant passé inaperçu. Si la concurrence est rude, il a toutes ses chances pour devenir célèbre au vu des contrats signés pour ses prochains films. Et c’est justifié, car il est ici autant à l’aise dans la peau d’un ado à l’esprit provocateur et subversif, que dans la peau d’un espion gentleman sûr de lui.
Samuel L. Jackson interprète un méchant atypique et contradictoire comme à la grande époque des James Bond dont le réalisateur s’inspire et qu’il honore à plusieurs reprises. Il zozote – c’est la petite trouvaille du film – a peur du sang et porte un costard avec une casquette de rappeur.
Sofia Boutella, une très charmante actrice franco-algérienne exilée en Californie – et accessoirement danseuse de haut niveau – interprète l’assistante du méchant, affublée pour le fun de prothèses à rendre jaloux Oscar Pistorius… Mais elle tue beaucoup plus de gens que ce dernier !
Jack Davenport (le commander poursuivant Jack Sparrow dans Pirates des caraïbes) apparaît impeccable dans une brève scène héroïque.
Marc Strong, connu pour être l’inquiétant Lord Blackwood dans le premier volet de Sherlock Holmes de Guy Ritchie et le méchant de Kick-Ass, assure ici en personnage de soutien, une sorte de « Q » moderne, formateur des nouvelles recrues de Kingsman.
Michael Caine (notamment connu pour Batman 1 2 3, et je vais m’arrêter là, car il a une filmographie longue comme dix bras) apparaît également. Toujours aussi excellent, il est quelque peu sous-estimé dans son rôle d’Arthur.
On peut également saluer Sophie Cookson comme agent alliée d’Egsy, Hanna Alström qui a une scène hilarante en princesse Tilde. Un beau casting, english avec quelques ricains pour honorer la part du budget américain.
L’action est régulière, belle, soutenue, et les combats sont impressionnants, sur le même ton qu’un film de X-men. Certaines petites anecdotes sur l’espionnage, distillées tout au long du film sont véridiques.
Un film recommandé surtout aux amateurs et pourquoi pas aux habitués des films d’espionnage. Certaines scènes de violence, certes très stylisées, l’exclu cependant pour un très jeune public. Kingsman Secret Service – titre original – a été adapté d’une bande dessinée de Mark Millar connu pour ses récents comics-books de superhéros, il est aussi l’auteur de la BD Kick-Ass.
Le film est bien reçu globalement et son budget de 80 millions de dollars a été remboursé en deux semaines d’exploitations au Royaume-Uni, pays dans lequel il est sorti en premier et dans lequel il a été tourné. Parmi une actualité de sorties cinématographiques riches : La nuit au musée 3 qui clôture la trilogie et nous permet de revoir une dernière fois le regretté Robbie William et le très mitigé 50 nuances de Grey, Kingsman trouve aisément sa place. Ma note 4/5.