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Comment tourner aux États-Unis ?

Parlons d’abord d’un point de vue terre à terre. En tant qu’artiste nous sommes des rêveurs mais la réalité est bien présente alors intéressons-nous aux démarches administratives.

Non, pour travailler aux États-Unis il n’y a pas besoin de la carte verte, la célèbre green card ou du moins pas au début. Un visa de travail suffit amplement si vous désirez y rester plus de 3 mois (en deçà il n’est pas nécessaire) ; il est limité à un temps fixé au préalable. Si vous êtes recruté pour une longue période vous aurez le fameux sésame vert qui n’aura pas à être renouvelé régulièrement comme le visa. Les couvertures sociales sont quasi inexistante et même depuis la réforme ObamaCare vous n’y aurez de toute façon pas droit. Il est donc vital de se munir d’une assurance et de prévoir un plan de secours car si vous n’avez pas de travail vous n’aurez aucune aide et ne pourrez compter que sur vous-même pour subvenir à vos besoins. Pour toutes informations complémentaires concernant ce qui est administratif adressez-vous à une ambassade américaine en France.

Sachez que les États-Unis peuvent vous refuser arbitrairement l’entrée sur leur sol, je dis « arbitrairement » mais les raisons les plus fréquentes sont généralement : casier avec délits liés à la drogue, violence ou autre (infos accessibles si vous demandez un visa de travail). Un ESTA à régler (formulaire électronique à remplir sur internet) avant votre départ, un billet d’avion, un passeport biométrique et votre visa de travail suffit, voici donc le minimum nécessaire et l’aventure commence !

Vous pouvez prendre l’initiative ou non de rechercher des castings avant de vous y rendre. Parler anglais n’est pas un « plus » c’est une obligation, là encore c’est à vous de choisir si vous souhaitez apprendre l’anglais avant votre départ – ce qui avouons-le est la solution la plus favorable – ou d’apprendre sur place. Que vous choisissiez la première ou la seconde possibilité n’oubliez pas que selon l’endroit où vous vous rendrez l’accent peut être radicalement différent et en conséquent perturbant.

Parlons justement de l’endroit ou se rendre :
La côte Est : New York et sa vitrine américaine, il y a régulièrement des tournages dans cette ville et elle n’est qu’à environ 6h de vol de Paris. La grosse pomme est une ville active et animée, mais comme le but de cet article n’étant pas de faire un guide touristique recentrons-nous sur les opportunités : avec une moyenne de 20 auditions par jour pour tout type de travail artistique, les opportunités sont justement nombreuses. Malheureusement pour vous les candidats aussi, avec une file d’attente moyenne de 300 personnes. Les loyers sont accessibles et la vie bien sympathique ce qui est donc un argument hautement respectable pour tenter de s’y lancer aux Etats-Unis. Avant de vous y rendre, selon la période pensez à prendre beaucoup de vêtements chauds car l’hiver est glacial (-15°c en hiver).

La côte Ouest : Los Angeles, dont son fameux quartier d’Hollywood égérie mondiale du cinéma. Les auditions sont encore plus nombreuses qu’à New York et les files d’attente encore plus longues. À Los Angeles, tout le monde veut être acteur, la concurrence est rude. Les petites annonces de castings sérieux ou non fleurissent partout, c’est la jungle, sauvage et inhospitalière. Impossible de savoir à l’avance à quoi s’attendre tant que l’on ne s’est pas rendu sur place. Intéressantes ou non, sérieuses ou non, les annonces ne sont affichées que brièvement et font toujours carton plein. Une note griffonnée à la main sur un papier peut très bien être un poste pour le prochain Spielberg, tout comme une grande affiche très attrayante peut avoir oublié de préciser que le poste à pourvoir est pour un film porno glauque ! Les conditions de vie sont moins « faciles » qu’à New York, les quartiers avec des loyers à bon prix sont excentrés et souvent dangereux, les transports en communs totalement inefficaces. Tenter sa chance à Los Angeles est donc déjà plus ardu rien que pour s’y établir. Il y a bien sûr des bons cotés également : les plages de sable blanc à quelques dizaines de minutes de Los Angeles, les stars du show-biz, des tournages plus nombreux, le soleil presque toute l’année, et le coté festif même si vous y êtes pour travailler.

Ce n’est qu’une question de goûts mais personnellement je préfère New York.

Pour ceux qui comptait faire la java à Miami j’en suis pour vous d’avance confus. Miami n’est pas une ville où se tourne beaucoup de films pour le cinéma (c’est une toute autre histoire pour les clips musicaux), seul New York et Los Angeles sont vraiment des endroits où vous aurez des chances de trouver du travail dans le cinéma sans vous compliquer la vie.

Grande précision, si vous êtes engagé sur un tournage aux États-Unis à un poste un peu plus important que figurant, il se peut que l’équipe vous embarque dans ses bagages direction le Canada car souvent des films américains se tournent au pays des caribous. Alors peut-être vaut-il mieux aussi vérifier avant cette question d’un point de vue administratif afin de ne pas voir des opportunités vous passer sous le nez. Mais pas de panique, si vous êtes admissible aux USA il n’y aura pas de complexités administratives supplémentaires de plus, et vous pourrez demander de l’aide à l’équipe de production en cas de besoin.

Tout va vite aux États-Unis, les rendez-vous se prennent le matin pour l’après midi. Pas de « on vous rappellera », la réponse fuse dès la fin de votre audition. Si c’est oui, vous entendrez probablement un « you’re ours » (vous êtes des nôtres) ou « welcome on » (que l’on peut traduire par bienvenue parmi nous) ou un moins engageant « a next time » (une autre fois) mais dans ce cas, on vous expliquera ce qui a échoué, pas de faux-semblant, les propos sont directs.

Une dernière précision et pas des moindres, il est utile pour se former des contacts de s’inscrire dans une ligue nationale (le syndicat des acteurs par exemple), cela peut grandement faciliter les choses, elle est accessible à tout ceux qui souhaitent pratiquer le métier. Certains font le tour des agences de productions pour proposer leurs services, ainsi que les agences de gestions d’acteurs et de talents cela marche rarement mais toutes les chances doivent se saisir.

Un tournage américain est différent d’un tournage français, soyez-en donc avertit si vous avez déjà tourné dans un film en France. Je reviendrais sur les différences fondamentales entre un tournage aux USA et en France dans un autre article.

Je recommande quelques petites choses pour tout ceux qui ont envie de s’envoler au pays de Steven Spielberg afin d’éviter toute déconvenue ou de tuer le rêve dans l’œuf en le brisant :
– Vérifier si vous êtes bien admissible sur le sol américain, le mieux est de s’être déjà rendu aux États-Unis quelques semaines avant de tenter de s’y installer même temporairement.
– De bien vous connaître. En effet, êtes-vous sûr de pouvoir vivre sans vos proches plusieurs mois ? Êtes-vous sûr d’être fait pour la vie américaine ? Et pleins d’autres questions à caractère personnel auxquelles il serait mieux de répondre avant de débarquer à l’aéroport.
– D’avoir quelques connaissances en anglais et de se renseigner sur les us et coutumes américaines.
– D’avoir un rêve assez gros pour ne pas le perdre de vue sur le chemin qui est souvent semé d’embûches de fossés et d’ouragans… surtout à New York d’ailleurs les ouragans !

Un départ pour les États-Unis ça se prépare. Vous avez peut-être en tête comme modèle des personnes devenues stars après avoir déménagé en Amérique, parfois même du jour au lendemain… Si tel est votre souhait c’est bien tout le mal que je vous souhaite, mais sachez que ça n’arrive pas à tout le monde et qu’en plus les temps ont changés. Entre les temps anciens et les temps présents, il y a eu le 11 septembre, les conditions d’immigrations sont donc plus strictes. Il y a eu la crise économique qui font que, même sur les supers productions, on cherche à tirer les coûts vers le bas et à réduire les risques. Il y a eu la révolution numérique qui a fait disparaître certains métiers et il y a eu la mondialisation qui fait que les portes sont ouvertes à plus de personnes, tels que des acteurs de pays de l’est augmentant la concurrence.

Un chiffre, en France il y a 65 millions d’habitants , aux pays de l’Oncle Sam ils sont 310 millions, soit 5 fois plus de concurrents potentiels hors travailleurs non-résidents.

Sinon, pour moins de risques et de casses-têtes, attendez que votre film français soit exporté aux États-Unis pour tenter quelque-chose par la suite. Quelques références dans ce cas et pas des moindres : Omar Sy et Jean Dujardin.

L’Amérique, l’Amérique, si c’est un rêve, je rêverai / L’Amérique, l’Amérique, si c’est un rêve, je veux rêver